pourquoi, entre autre, je ne veux pas rentrer en France
Sur LeMonde.fr vous trouverez aujourd'hui 3 pages de temoignage sur la precarite des chercheurs en France. Je vous laisse lire par vous meme en cliquant sur le lien et je vous met ici mes preferes. Si je ne regarde que le cote professionnel, je me retrouve dans ces temoignages et je suis sure que de ne pas rester en France pour ma these etait la meilleure decision. QUand je vois la galere que c'est pour etre enseignant-chercheur dnas le public je me dis que JAMAIS je ne foutrais un pied dans un labo francais.
"J'accumule post-doc sur post-doc afin de vivre", par N. P.
Doctorat scientifique en biologie moléculaire dans une université américaine de l'Ohio, je ne trouve strictement rien de durable et j'accumule post-doc sur post-doc afin de vivre. En ce moment à l'hôpital Pompidou pour trois mois, je ne vois pas la fin de ma pathétique précarité. Qui est responsable ? Mariée et mère de deux enfants, je ne peux partir à l'étranger pour améliorer ma carrière.
Que puis je faire ? Rien, si ce n'est attendre. Je persiste dans un domaine qui est des plus intéressants, à savoir la recherche sur le cancer. Heureusement l'amour pour mon métier me permet de m'acrocher jusqu'à de meilleurs jours. Salaire ? 2000 € brut quand la bonne étoile me sourit, sinon, c'est moins, nettement moins.
"A bac + 10, je gagne 1 700 euros par mois", par Romain-Philippe
Docteur en droit et ATER dans une grande université parisienne, je regarde le monde universitaire avec beaucoup d'amertume. A bac + 10, je gagne 1 700 euros par mois avec la perspective d'être au chômage dans moins d'un an. La procédure de qualification par le CNU (pour pouvoir postuler en tant que maître de conférences) est tout sauf impartiale (nous ne sommes même pas auditionnés). La loi Pécresse a renforcé le localisme et le clientélisme (les comités de sélection pour les recrutements n'ont plus qu'un avis facultatif, c'est le président de l'université qui décide).
Un véritable malaise s'est installé chez les doctorants. Les dépressions sont monnaie courante. Les inscriptions en thèse ont chuté de moitié depuis 2007. Quand un étudiant vient nous demander des conseils d'orientation, comment l'inviter à passer les 5 ou 6 prochaines années de sa vie seul à rédiger une thèse que personne ne lira à part son jury (et encore...) avec des chances de réussite extrêmement faibles. Le taux d'abandon est de 90 % en thèse de droit.
Faut-il évoquer la situation des parents ou des proches qui vous demandent sans arrêt quand vous aurez un vrai métier ? Ou encore le regard souvent condescendant des professeurs qui ne vous trouvent jamais assez bon et ne perdent jamais l'occasion de vous faire surveiller leurs examens et corriger leurs copies. Difficile de garder la foi.
Le monde à l'envers, par Expatrié volontaire
Après des études fort onéreuses (pour moi et pour la société), une thèse (en 2004) en co-tutelle avec une université suisse, c'est désormais en Suisse que je poursuis mes recherches (après les USA et l'Allemagne).
Je n'ai certes pas le confort d'un poste de fonctionnaire, mais je gagne presque le triple de ce que je gagnerais au CRNS, avec des conditions de travail excellentes.
Revenir en France ? Dans l'état actuel de la situation, la question ne se pose même pas. C'est maintenant mon ex-directeur de thèse, professeur, qui me demande des coups de pouces financiers pour une inscription en congrès ou une page couleur dans un article. Le monde à l'envers...